Lorsqu'un individu se trouve confronté à une somme d'objets, quelle que soit leur nature, une alternative s'ouvre à lui: soit les laisser dans le désordre, soit les ordonner. Si cet homme est un juriste, praticien ou théoricien, confronté à une somme d'éléments, de notions ou de mécanismes juridiques, les chances qu'il opte pour la seconde branche de l'alternative sont grandes, même si la motivation de son choix est quelque peu différente selon le cas: pratique pour l'un, théorique, voire scientifique, pour l'autre. Le praticien est guidé par un souci fondamental: l'efficacité et, par conséquent, la possibilité de se retrouver le plus utilement possible dans la masse des éléments, notions et mécanismes que l'écoulement du temps accumule inévitablement suite au fonctionnement d'un système. Il multipliera, autant que faire se peut, les fils conducteurs susceptibles de le conduire à la disposition - qu'elle soit d'origine révélative, législative, jurisprudentielle, doctrinale ou coutumière - qui l'intéresse. Le théoricien, par contre, ne peut perdre de vue que l'ordonnancement du matériau qu'il a rassemblé est l'un des objectifs de toute science, même si cette préoccupation, dite taxonomique, est quelque peu passée à l'arrière-plan dans la science contemporaine. Si, en outre, il est enseignant, l'ordonnancement de la matière à des fins pédagogiques est également l'une de ses préoccupations. En conclusion, le théoricien rejoint le praticien dans une activité commune: la définition et la mise en œuvre de structures, plus ou moins différentes, ordonnant la matière juridique. C'est donc elles qu'il convient maintenant d'aborder. La structure est la manière dont est organisé un ensemble complexe, celui formé par les produits du système juridique. Au fur et à mesure que celui-ci accumule en son sein éléments, notions et mécanismes, des raisons à la fois pratiques et théoriques conduisent à sa structuration. L'observation des systèmes juridiques montre que la structuration peut s'opérer de deux manières quelque peu différentes: d'une part en privilégiant la forme du produit, la source de droit, et d'autre part en accordant la préférence à son contenu, indépendamment de la ou des sources dans lesquelles il est formulé. On structurera donc soit la révélation, la législation, la jurisprudence ou la doctrine, soit une matière juridique, l'option maximale étant la structuration du droit dans son ensemble et l'option minimale une fraction réduite de celui-ci. Il est enfin possible que les deux options se combinent, par exemple, lorsqu'on décide de structurer une source relative à une matière.